Les folklores dont sont imprégnés les contes de fées et les légendes ont forgé les imaginaires, d’où qu’ils proviennent. Nous avons tous une pensée aux Mille et Une Nuits quand on nous parle du Moyen-Orient, aux frères Grimm quand nous parlons de culture germanique, ne serait-ce que par l’intermédiaire des djinns ou de Blanche-Neige. Les contes recouvraient aussi bien un rôle culturel que social, parce que justement leur rôle culturel était la cohésion de la société. En garantissant un imaginaire collectif, dans lequel des communautés pouvaient se reconnaître, mais aussi se distinguer des autres, les contes et les légendes étaient les prémices de ce que l’on appelle aujourd’hui la culture populaire. Ils sont le creuset dans lequel se développeront ensuite la littérature gothique, la fantaisie et la science-fiction. Que seraient les Elfes et les Nains sans la mythologique germanique, les trolls et les dragons sans les contes ? Il y a une continuité inébranlable de la culture populaire depuis que l’Homme sait raconter des histoires, et le rôle de cette culture populaire nourrissant l’imaginaire collectif n’est rien de moins que de rappeler à l’être humain à quel point il est humble devant la nature, et ce parce que « les contes sont vrais », comme le disait Italo Calvino. La petite phrase de Chesterton s’applique pleinement aux contes de fées ; ils sont « le ciel qui juge la terre ». Leur mise au banc de la littérature par une élite aussi autoproclamée que nihiliste ne fait que conforter leur importance culturelle ; il n’y a que la civilisation des machines pour rêver d’une culture… acculturée. Lire la suite