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La violence sexuelle dans les Contes de fées

Belle au bois dormant

Les Contes de fées sont comme autant de manuels de la Vie pour les enfants, du moins est-ce l’image que l’on s’en donne volontiers, image que nous avions déjà fortement nuancée dans notre conférence sur les Contes. Cependant, le cas de la sexualité, aussi bien dans le rapport au sexe que les mœurs liées au sexe, renforce le rôle conservateur des contes, malgré de nombreux psychanalystes qui s’évertuent à les voir pour ce qu’ils ne sont pas : une littérature émancipatrice. Les contes ne sont pas émancipateurs, au contraire ; ils s’inscrivent dans la préservation de certaines mœurs, de certaines conventions sociales. Leurs représentations du sexe en témoignent, et sont double, car les contes procèdent soit par allégorie, soit les abordent concrètement, sans pour autant s’épancher sur l’acte lui-même. Ces deux représentations posent un dualisme inhérent à cette question, car la morale afférente à chacune d’entre elles est différente selon qu’il s’agisse d’une représentation allégorique ou non. Dans ce premier cas de figure, le Petit Chaperon Rouge demeure le meilleur exemple, car l’allégorie repose sur le personnage du Grand Méchant Loup et la tentation de l’héroïne de s’écarter du bon chemin, au sens de via recta, pour s’égarer. La représentation allégorique sert donc une morale préventive, l’allégorie du loup et du chemin traversant les bois agissant comme une mise en garde. À l’inverse, les représentations concrètes du sexe servent une tout autre morale ; celle de l’acceptation du patriarcat dans ce qu’il a de plus phallocratique. Le génie des Contes résidant en ce qu’il s’adresse justement aux enfants, leur message peut ainsi se graver dès le plus jeune âge dans les esprits afin qu’une fois adultes ils considèrent définitivement leur morale comme fait naturel et naturellement accepté par tous. Ainsi, la question de la violence sexuelle dans les Contes de fées est perverse, car elle consacre la soumission totale et inconditionnelle des femmes telle qu’on peut la voir théorisée par Platon dans sa République. Lire la suite


L’Épée de Welleran

Dunsany

L’Épée de Welleran est un conte fantastique écrit par Lord Dunsany en 1908. S’il pose presque tous les éléments qui formeront plus tard la fantaisie, le récit révèle toutefois plusieurs niveaux de lecture. Outre le merveilleux avec lequel il compose exclusivement, Lord Dunsany aborde aussi les thèmes de la mémoire, du souvenir, bref de l’enracinement. L’Épée de Welleran est une ode que l’on pourrait assimiler peu ou prou à l’acception du roman national. Se déroulant dans la cité de Merimna, imprenable de par la réputation de ses légendaires défenseurs que les tribus barbares croient toujours en vie, car invincibles sur le champ de bataille, Lord Dunsany pose aussi le dur constat de la vanité humaine l’emportant sur la sagesse des anciens.
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Contes et légendes, antécédents de la culture populaire

grimm

Les folklores dont sont imprégnés les contes de fées et les légendes ont forgé les imaginaires, d’où qu’ils proviennent. Nous avons tous une pensée aux Mille et Une Nuits quand on nous parle du Moyen-Orient, aux frères Grimm quand nous parlons de culture germanique, ne serait-ce que par l’intermédiaire des djinns ou de Blanche-Neige. Les contes recouvraient aussi bien un rôle culturel que social, parce que justement leur rôle culturel était la cohésion de la société. En garantissant un imaginaire collectif, dans lequel des communautés pouvaient se reconnaître, mais aussi se distinguer des autres, les contes et les légendes étaient les prémices de ce que l’on appelle aujourd’hui la culture populaire. Ils sont le creuset dans lequel se développeront ensuite la littérature gothique, la fantaisie et la science-fiction. Que seraient les Elfes et les Nains sans la mythologique germanique, les trolls et les dragons sans les contes ? Il y a une continuité inébranlable de la culture populaire depuis que l’Homme sait raconter des histoires, et le rôle de cette culture populaire nourrissant l’imaginaire collectif n’est rien de moins que de rappeler à l’être humain à quel point il est humble devant la nature, et ce parce que « les contes sont vrais », comme le disait Italo Calvino. La petite phrase de Chesterton s’applique pleinement aux contes de fées ; ils sont « le ciel qui juge la terre ». Leur mise au banc de la littérature par une élite aussi autoproclamée que nihiliste ne fait que conforter leur importance culturelle ; il n’y a que la civilisation des machines pour rêver d’une culture… acculturée. Lire la suite


Démons mondains.

Satanachias. Le titre annonce déjà la teinte de ce qui va s’ensuivre. Ce recueil de Christophe Lartas comprend quatre nouvelles étalées sur 90 modestes pages et s’inscrit dans la lignée de ces œuvres tout bonnement inqualifiables, tant elles sont imprégnées de surprises et autres idées quintessenciées. Lire la suite