L’Épée de Welleran est un conte fantastique écrit par Lord Dunsany en 1908. S’il pose presque tous les éléments qui formeront plus tard la fantaisie, le récit révèle toutefois plusieurs niveaux de lecture. Outre le merveilleux avec lequel il compose exclusivement, Lord Dunsany aborde aussi les thèmes de la mémoire, du souvenir, bref de l’enracinement. L’Épée de Welleran est une ode que l’on pourrait assimiler peu ou prou à l’acception du roman national. Se déroulant dans la cité de Merimna, imprenable de par la réputation de ses légendaires défenseurs que les tribus barbares croient toujours en vie, car invincibles sur le champ de bataille, Lord Dunsany pose aussi le dur constat de la vanité humaine l’emportant sur la sagesse des anciens.
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Archives de Catégorie: Fiches lectures et critiques
L’Épée de Welleran
Le Vicomte Pourfendu
Le Vicomte Pourfendu est l’une des œuvres les plus connues d’Italo Calvino, et premier conte de la trilogie héraldique (qu’il n’a jamais achevée). Contemporain de Pasolini, Calvino est connu et reconnu comme fabuliste. Partant du néoréalisme, il finit cependant attiré par l’univers merveilleux des contes, et produirait même un bréviaire du folklore légendaire de la péninsule italienne. Le Vicomte Pourfendu, bien qu’empruntant beaucoup au conte sur la forme, est surtout porteur d’une philosophie autour du manichéisme. Loin cependant de s’égarer dans un discours moraliste, Calvino choisit de démontrer que Bien et Mal s’équivalent, surtout dans leurs extrêmes. Lire la suite
L’an 330 de la République
Sorti en 1894, « L’An 330 de la République » ne figure pas parmi les ouvrages les plus connus de cette fin de dix-neuvième siècle. Pourtant, l’ouvrage vient d’être réédité en mars dernier aux éditions Jean-Cyrille Godefroy – connu pour la publication de nombreuses collections sur le patrimoine français – et préfacé à Esculape Marsala, journaliste à Causeur – le fameux journal d’Élisabeth Levy – et spécialiste de l’utopie et de la contre-utopie. Le choix de la couverture n’est d’ailleurs pas innocent, la chute de Constantinople s’apparentant parfaitement au propos du livre.
« L’An 330 de la République » est donc un ouvrage de l’écrivain, avocat et homme politique français, Maurice Spronck, mort en 1921. Celui-ci était un des compagnons d’armes des figures historiques du nationalisme républicain que furent Maurice Barrès et Paul Déroulède. Il se définissait comme nietzschéen et romantique. Lire la suite
Au Bonheur des Dames, ou les prémices de l’anticonsumérisme
Au Bonheur des Dames d’Émile Zola est un roman qu’on ne présente plus. Publié en 1883, onzième volume de l’anthologie des Rougon-Maquart, ce tome nous entraîne dans le monde des grands magasins à l’heure où Paris entamait ses grandes transformations haussmanniennes. Si Zola s’est toujours défendu d’instrumentaliser le naturalisme à des fins dénonciatrices, le Bonheur des Dames laisse suffisamment de traces pour démontrer une dépréciation de la société de consommation à peine émergente grâce aux grands magasins qu’engendrent les chantiers parisiens. L’auteur fait la part belle aux impacts socio-économiques, de la frénésie des clientes à la disparition des petites boutiques au profit des chaînes de magasins qui conquièrent le marché. Toute la subtilité de Zola est alors d’user d’un ton strictement neutre dans ses descriptions, plaçant le lecteur dans le rôle du spectateur au milieu de la cohue bourgeoise dont il ne peut que constater la dépravation hédoniste. De là à dire que Zola fait grief aux prémices du consumérisme, il n’y a qu’un pas. Lire la suite