L’association Apocryphos s’interroge sur le bien-fondé des nouvelles règles régissant la prochaine édition de la Foire du Livre de Saint-Louis, rebaptisée pour l’occasion « Forum du Livre ». En effet, malgré sa nouvelle dénomination, la manifestation littéraire locale n’a jamais été aussi peu accessible pour les acteurs littéraires modestes. Nous-mêmes, bien qu’étant la seule société littéraire du HautRhin, avons vu notre candidature rejetée malgré une validation préalable confirmée par les services de la Mairie. Outre la rupture des pourparlers au motif nébuleux que notre demande ne valait finalement pas la peine d’être avalisée sans que nous en sachions plus, nous nous interrogeons sincèrement sur le manque de clarté qui entoure cette édition de la Foire du Livre, à commencer par son objectif. Quel objectif y a-t-il, en effet, lorsque le comité d’organisation impose à tout participant de s’acquitter de la somme de 195 euros par stand, avec une limite d’auteurs présents contrairement aux éditions précédentes, quand on sait que les associations et auteurs locaux ne peuvent réunir forcément cette somme, et encore moins s’assurer de l’amortir lors de la durée de la manifestation ? Quel intérêt y a-t-il, notamment, pour une foire du livre à se faire l’extension d’un centre culturel d’hypermarché? La logique de rentabilité se serait-elle substituée à la logique littéraire ? Des manifestations autour du livre fleurissent en France et connaissent un succès certain simplement parce qu’elles misent sur un véritable objectif littéraire, et mettent à l’honneur les éditeurs, souvent indépendants. À moins que le but ne soit de rendre la Foire du Livre inaccessible aux plus modestes – notamment les autoédités, qui ne bénéficiaient pas non plus du meilleur traitement qui fût lors des éditions précédentes – ou pire, de ne vouloir devenir qu’une librairie éphémère mue par une logique purement marchande, l’on peut s’interroger sur la définition du terme « qualitatif » qu’aime invoquer son comité d’organisation, à moins que pareil critère ne doivent s’entendre dans une dimension pécuniaire.
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Apocryphos lance Accattone
L’idée reposait dans les tiroirs depuis un long moment déjà, mais après plus de deux ans d’existence, Apocryphos a décidé de tenter l’aventure du fanzinat ! Nommée Accattone en référence à Pier Paolo Pasolini, la ligne éditoriale de la revue restera celle que l’on connaît, à cela près que ce nouveau média permettra aux membres de l’association d’extrapoler certains sujets littéraires et culturels qui n’ont pas forcément leur place sur le site de l’association mais qui nous tiennent à cœur, telle la colonisation de l’imaginaire par l’hédonisme de masse, ou l’acculturation généralisée par le consumérisme. Nous ne sommes pas antimodernistes par plaisir ou masochisme, mais parce que nous ne voyons dans le modernisme rien d’autre que le « grand cadavre mort » que dénonçait Charles Péguy ; un pouvoir avilissant, transformant les individus en hommes-masse, mais aussi abjurant les repères culturels pour mieux les plier aux ramifications tentaculaires de l’empire de la consommation.
Accattone fut le premier film de Pasolini ; vernaculaire, presque documentaire, exhibant sans fioritures la misère de la banlieue romaine des années ’50. Notre humble revue aura ce même but que de dépeindre une triste réalité culturelle que nous constatons jour après jour, en tentant de redonner un peu d’authenticité au milieu des flots hédonistes qui désenchantent le monde. Accattone signifie aussi, à peu de chose près, mendiant, ce qui, au vu de nos modestes moyens, correspond à son processus d’élaboration ; nous n’avons fait appel à personne pour concevoir ce numéro, respectant une tradition artisanale du fanzinat, nos maigres subventions parvenant tout juste à couvrir les frais d’un stand à la Foire du Livre annuelle de Saint-Louis.
Le premier numéro fera l’objet d’un lancement à l’occasion du quarantième anniversaire de l’assassinat de Pier Paolo Pasolini, la nuit du 1er au 2 Novembre 1975, lancement qui prendra la forme de la dernière conférence trimestrielle de l’année, et qui portera bien sûr sur le poète disparu. La date est fixée au Vendredi 30 Octobre 2015. Un site spécifique à la revue sera mis en ligne d’ici peu pour éviter le mélange des genres. D’ici là, vous pouvez déjà suivre la revue sur Twitter (@RevueAccattone) !
Phantasia – Préface
Difficile exercice que de se lancer pour la première fois dans la publication amatrice. L’association Apocryphos avait l’ambition – modeste – dans la réalisation de ce recueil de dépoussiérer l’image d’une fantasy étouffée par les codes commerciaux qu’imposent les grandes maisons d’édition actuelles, codes posés malgré lui par Tolkien, qui consacra sans le savoir le triptyque elfe-nain-hommes (entre autres choses) dont le genre n’arrive plus à se défaire. L’on avait à vrai dire songé à citer China Mielville et sa fameuse citation « Tolkien est le kyste sur le cul de la fantasy », mais au dernier moment, nous nous étions quand même rendu compte que ç’aurait été ingrat vis-à-vis du maître. D’autant plus que c’est grâce (ou à cause) de lui que ce recueil s’est concrétisé, du moins en partie.
Si nous avons finalement opté pour Valerio Evangelisti, c’est parce que nous avions un double-objectif, que nous espérons avoir atteint. Outre une fantasy siphonnée par le marché éditorial que nous voulions tenter de réhabiliter, c’est aussi l’exigence stylistique ; celle qui consiste tout simplement à rendre hommage à notre langue, qui est aujourd’hui sacrifiée à des normes obscures, posées par des législateurs littéraires tout aussi obscurs d’ailleurs… Combien de fois voyons-nous des rayons de librairies crouler sous des légions d’auteurs insipides contant des tranches de vies aussi banales que superficielles ? Combien de fois voyons-nous ces mêmes thuriféraires du vénal prôner indécemment que « l’absence de style est un style » et autres fadaises qui, n’en doutons pas, exigèrent probablement de longues séances d’onanisme intellectuel pour en déduire un tel contresens ? L’on renverra ceux-là au Discours sur le style de Buffon, qui avançait sagement que « ceux qui écrivent comme ils parlent, quoiqu’ils parlent très bien, écrivent mal », et ce, déjà en 1753 !
Les auteurs que nous avons sélectionnés répondent donc à ce double-objectif ; dépoussiérer l’image de la fantasy en s’éloignant des codes commerciaux qui l’ont mutilée, mais aussi en présentant chacun un style propre, avec sa personnalité, ses exigences (parfois ses maladresses). Tous les textes figurant dans ce recueil ont voulu contribuer humblement à ce défi exigeant (peut-être trop exigeant penseront certains). Voilà pourquoi nous trouverons aussi au sommaire deux auteurs étrangers qui ouvrent et ferment le présent recueil, pour montrer que cette envie de réexplorer l’Imaginaire ne concerne pas seulement les écrivains français, mais qu’elle représente un véritable enjeu littéraire.
L’Apocryphe
L’Apocryphe est le journal officiel de l’association Apocryphos. Toutes les informations apocryphes portant sur l’actualité littéraire y seront répertoriées minutieusement par nos investigateurs de choc, qui œuvrent eux aussi à l’avènement de la Bibliocratie entre deux prières pastafaristes.
Bien entendu, comme son nom l’indique, l’Apocryphe est un média dont les informations sont aussi avérées que l’existence du Père Noël, de la Terre Creuse et autres reptiliens. Y croire n’engage donc que vous.