Archives d’Auteur: Apocryphos

À propos de Apocryphos

L’association « Apocryphos » est une association littéraire ayant pour but la promotion de la littérature et de l’écriture, de réunir les passionnés de littérature, de former une structure leur permettant de discuter, débattre et diffuser leurs idées, mais aussi la possibilité de participer à des manifestations littéraires.

Foire du livre : les pécores dehors ?

L’association Apocryphos s’interroge sur le bien-fondé des nouvelles règles régissant la prochaine édition de la Foire du Livre de Saint-Louis, rebaptisée pour l’occasion « Forum du Livre ». En effet, malgré sa nouvelle dénomination, la manifestation littéraire locale n’a jamais été aussi peu accessible pour les acteurs littéraires modestes. Nous-mêmes, bien qu’étant la seule société littéraire du HautRhin, avons vu notre candidature rejetée malgré une validation préalable confirmée par les services de la Mairie. Outre la rupture des pourparlers au motif nébuleux que notre demande ne valait finalement pas la peine d’être avalisée sans que nous en sachions plus, nous nous interrogeons sincèrement sur le manque de clarté qui entoure cette édition de la Foire du Livre, à commencer par son objectif. Quel objectif y a-t-il, en effet, lorsque le comité d’organisation impose à tout participant de s’acquitter de la somme de 195 euros par stand, avec une limite d’auteurs présents contrairement aux éditions précédentes, quand on sait que les associations et auteurs locaux ne peuvent réunir forcément cette somme, et encore moins s’assurer de l’amortir lors de la durée de la manifestation ? Quel intérêt y a-t-il, notamment, pour une foire du livre à se faire l’extension d’un centre culturel d’hypermarché? La logique de rentabilité se serait-elle substituée à la logique littéraire ? Des manifestations autour du livre fleurissent en France et connaissent un succès certain simplement parce qu’elles misent sur un véritable objectif littéraire, et mettent à l’honneur les éditeurs, souvent indépendants. À moins que le but ne soit de rendre la Foire du Livre inaccessible aux plus modestes – notamment les autoédités, qui ne bénéficiaient pas non plus du meilleur traitement qui fût lors des éditions précédentes – ou pire, de ne vouloir devenir qu’une librairie éphémère mue par une logique purement marchande, l’on peut s’interroger sur la définition du terme « qualitatif » qu’aime invoquer son comité d’organisation, à moins que pareil critère ne doivent s’entendre dans une dimension pécuniaire.


Ministère de la magie contre souveraineté nationale

tumblr_mba651ud2f1r9wtbqo1_500

Le Ministère de la Magie du monde d’Harry Potter est bien connu des fans. Institution garante de l’ordre public et des secrets du monde des sorciers, elle veille justement à ce qu’il n’y ait aucune collusion entre Sorciers et Moldus. Toutefois, le Ministère est une institution récente. Pour exemple, lorsqu’Harry Potter entre à Poudlard, il apprend que l’école fut créée un peu plus de mille ans  auparavant, soit aux alentours du Xe siècle. L’on sait par ailleurs que jusqu’en 1700, le Ministère fut précédé d’un « Conseil des sorciers », qui se réunissait une fois par an et était aussi bien composé de sorciers que d’êtres non-humains, comme les gobelins ou les fantômes. C’est  en fait à partir de sa formation qu’il paraît détenir des compétences gouvernementales, soit parallèlement à la construction de l’État dans son acception moderne. Ses prérogatives sont toutefois limitées dans de rares cas. L’on apprend ainsi dans le tome 2, La Chambre des Secrets, que le conseil des parents d’élèves peut relever le directeur de Poudlard de ses fonctions sans que le Ministre de la Magie ne puisse rien y faire, probablement au nom du principe d’antériorité. Néanmoins, si le régime totalitaire mis en place par Voldemort est largement souligné comme oppresseur, l’effet de contraste avec le fonctionnement habituel du Ministère n’est pas aussi accentué que cela. Ainsi est notamment mis en place tout un système de renseignement qui permet au Ministère de déceler les enfants pourvus de dons permettant leur inscription à Poudlard, mais aussi de savoir si, au cours de leur scolarité, ils font ou non-usage de la magie, qui est prohibée pour les mineurs. Cependant, les moyens utilisés pour conserver le secret de la communauté magique soulèvent plusieurs problèmes juridiques, notamment en matière de conflit de normes. Si l’autrice n’a jamais décrit le fonctionnement organique ou institutionnel du Ministère, elle a néanmoins semé plusieurs indices au fil des sept tomes d’Harry Potter qui permettent une appréhension de ses pouvoirs. Ce dernier empiète effectivement bien souvent sur des compétences réglementaires, voire législatives, sans aucun contrôle de légalité du gouvernement, mais aussi sur la souveraineté même des États. L’on constate en effet un cas flagrant d’ingérence dans la possibilité qu’ont les sorciers de « transplaner », ou d’utiliser des « portoloins » soit de se téléporter, au mépris de toute souveraineté territoriale.  Ces prérogatives nous poussent alors à nous interroger sur divers points, aussi bien dans ses liens avec le gouvernement britannique que l’étendue de son pouvoir réglementaire ou décrétal (dont il est largement fait usage dans le tome 5, L’Ordre du Phénix), mais aussi dans les actes d’ingérences dont le Ministère lui-même fait preuve. Lire la suite


Le Vicomte Pourfendu

Calvino

Le Vicomte Pourfendu est l’une des œuvres les plus connues d’Italo Calvino, et premier conte de la trilogie héraldique (qu’il n’a jamais achevée). Contemporain de Pasolini, Calvino est connu et reconnu comme fabuliste. Partant du néoréalisme, il finit cependant attiré par l’univers merveilleux des contes, et produirait même un bréviaire du folklore légendaire de la péninsule italienne. Le Vicomte Pourfendu, bien qu’empruntant beaucoup au conte sur la forme, est surtout porteur d’une philosophie autour du manichéisme. Loin cependant de s’égarer dans un discours moraliste, Calvino choisit de démontrer que Bien et Mal s’équivalent, surtout dans leurs extrêmes. Lire la suite


Le post-apocalyptique selon Barjavel

BARJAVEL-REGARD-LEVE

René Barjavel s’est illustré comme l’un des premiers auteurs de science-fiction moderne, même si le terme n’existait pas encore en France à la sortie de Ravage en 1943. Les thématiques présentes dans ses deux œuvres principales tournent toujours autour de la destruction de l’Homme par l’Homme. Ravage et Le Diable l’Emporte, lequel est sorti en 1948 – et sera son dernier roman post-apocalyptique – permet d’appréhender toute la lucidité de l’auteur, aussi bien du rôle de la littérature de genre que son degré d’anticipation. Privilégiant le cadre « maximaliste », les romans de René Barjavel interrogent le réel. Servis par un humour noir, leur cynisme n’a d’égal que leur inquiétante pertinence. Anticipant des années à l’avance les OGM, l’organisation de la société au début des années 1960, le postulat de Barjavel est de considérer l’homme moderne comme un être impotent, incapable de vivre sans l’assistance du confort technologique des sociétés développées, contre lequel il oppose un mode de vie ancien, proche du romantisme barrésien. Lire la suite