Valerio Evangelisti

thumbnailNé le 16 Octobre 1952 à Bologne, diplômé en sciences politiques de l’université de la même ville, Valerio Evangelisti est traduit et publié en France depuis quelques années déjà. Son style se caractérise par un ton « froidement ironique », voire féroce, qui est parfaitement illustré par la palette de personnages qu’il crée, notamment l’Inquisiteur dominicain Nicolas Eymerich, fanatique et sadique à souhait.

Ses romans s’attachent toujours à un cadre historique dépeignant un contexte social, voire économique (« Nous ne sommes rien, soyons tout ! »), favorable à la violence la plus primitive qui soit (« Black Flag », ou le recueil « Métal Hurlant »). Néanmoins l’auteur ne se contente pas de décrire de grands thèmes tels que ceux présents dans les ouvrages cités ; Evangelisti n’a pas peur d’offrir à son lectorat un univers futuriste psychédélique et effroyablement glauque, comme on le voit notamment dans « Black Flag » où il décrit un avenir où règne une schizophrénie si contagieuse que la violence reste le seul moyen de communication entre les Hommes, ou encore le futur où le VIH a fusionné avec le « Marburg », causant la dépression de membres et nécessitant des greffes métalliques (on pourrait encore prendre d’autres exemples, comme la prison brésilienne décrite dans le recueil « Métal Hurlant »). De même, et c’est justement le cycle d’Eymerich et (encore une fois) « Black Flag » qui en sont le parfait exemple. L’auteur aime lier différentes époques autour d’un même noyau, d’un même enjeu tout en maintenant un suspense, tel que ledit enjeu n’est explicitement dévoilé qu’à la fin, même si parfois on ressent une certaine déception.

Couverture française de "Métal Hurlant" aux éditions Rivages

Couverture française de « Métal Hurlant » aux éditions Rivages

Si on peut le qualifier d’O.V.N.I., l’auteur a effectivement, comme tous les autres, ses défauts. Le ton volontairement froid fait que ses personnages, notamment principaux, sont difficilement attachants, ou sont carrément anti-charismatiques (l’antihéros de « Tortuga » confine à la caricature du lâche égoïste), malgré leur personnalité marquée. Leur physique même se situe (parfois) aux antipodes de ce que l’on pourrait imaginer en lisant la quatrième de couverture (le Mexicain d’ « Anthracite » et « Black Flag ») ; ce choix volontaire s’expliquant simplement par le souhait de l’auteur de se détacher de tous les clichés possibles. Cela est dommage, car pour s’opposer à un archétype, Evangelisti finit par en crée un autre. Sans finalement remporter le pari de l’originalité, il prend le risque d’être assez déplaisant à lire.

Couverture italienne de Tortuga, aux éditions Strade Blu

Couverture italienne du cycle des Pirates, aux éditions Strade Blu

Les récits en eux-mêmes souffrent parfois de longueur et patinent par moment (comme c’est le cas pour une partie d’ « Anthracite »). Ceux qui espèrent voir donc un univers angoissant, mais avec un héros (ou un anti-héros) répondant à des idées préconçues peuvent donc passer leur chemin ! Evangelisti concentre sa plume surtout sur le contexte qu’il décrit et parfois au détriment de ses personnages, ce qui est d’autant plus déconcertant que l’inverse lui réussit beaucoup mieux.

On se surprend en effet à apprécier les textes d’Evangelisti, grâce à l’ambiance et les personnages glauques qu’il aime manier. Ces derniers donnent envie au lecteur de continuer sa lecture dans cet univers étrange et torturé (sauf si vous êtes d’accoutumée allergiques aux histoires cataloguées comme telles). Qu’il s’agit de l’esprit syndicaliste et mafieux de « Nous ne sommes rien soyons tout ! », de la dérangeante prison de glue  ou même de l’épopée des frères de la côte, Evangelisti parvient à conserver l’attention du lecteur jusqu’au fin mot de ses récits, même si ceux-ci ne sont pas exempts de passages, n’ayons pas peur de le dire, complètement mortifères.

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